in ,

Cameroun: Les femmes riveraines des Industries Extractivistes apprennent à dire NON

Elles ont été outillées sur les techniques de communication actives en situation de crise au cours d’un atelier à Yaoundé. Une grosse formation impulsée par le Réseau des Acteurs de Développement Durable (RADD) et Green Development Advocates (GDA).

L’objectif global  de cet atelier organisé le 22 juin 2023 dans les locaux du CICM de Mvolye à Yaoundé, était de renforcer les capacités des femmes dans la connaissance et la défense de leurs droits autour des agro-industries et d’autre zone de projet au Cameroun.

Spécifiquement, il s’agissait d’Outiller les femmes riveraines sur l’existence des droits les protégeant, les méthodes, les techniques, les stratégies afin de rendre leurs luttes plus dynamiques pour des résultats en leur faveur ; Capitaliser les pratiques des autres pays et permettre aux riveraines du Cameroun de s’en inspirer pour leurs luttes ; Favoriser la solidarité entre les femmes, créer des espaces d’échanges entre elles pour qu’elles soient plus fortes devant ces géants économiques.

Tout au long de cette demi-journée de travaux, ces femmes, très souvent victimes de violences et de bien d’autres exactions de la part des compagnies exploitantes, ont reçu de J4E des connaissances qui leur permettront, dans un futur proche, de porter leurs revendications avec davantage d’efficacité, d’impact, et d’acquérir davantage d’influence sur les processus qui ont cours dans leur environnement immédiat et qui modifient leur cadre de vie. Notions de base de la communication, techniques de production d’images, d’écrits et éléments de prise de parole ont ainsi figuré au menu des échanges. Ils ont été utilement complétés par des exercices pratiques, qui ont permis aux participantes de traduire en actes le savoir récemment acquis. Cet atelier figurait au menu d’un programme de formation d’une durée de deux jours, impulsée par le Réseau des Acteurs de Développement Durable (RADD) et Green Development Advocates (GDA), des organisations qui œuvrent en faveur de la protection des droits des populations riveraines des industries extractivistes.

Orientée sur le « Droit de dire Non », la rencontre qui abritait une trentaine de participantes, toutes riveraines des industries dites « extractivistes », a permis aux formateurs de l’ONG Journalists For Earth (J4E), d’entretenir l’auditoire sur le thème de la communication active en général.

Madame Mba Mbia Danielle, de Green Development Advocates et responsable de la formation, a expliqué que « La campagne « Le droit de dire NON » (R2SN) est le fruit des luttes menées par les communautés à travers le monde depuis plusieurs décennies. Il ne s’agit pas d’une idée nouvelle, mais plutôt de la reconnaissance d’un moment important pour rassembler les luttes de nombreuses communautés qui disent toutes NON aux grands projets de « développement ». Il s’agit d’une campagne multi-organisations affirmant le droit des communautés, et en particulier des femmes, à revendiquer leur souveraineté en matière de développement, afin de donner ou de refuser leur consentement à des projets de grande envergure ». Selon elle, « Le droit de dire non (R2SN) est un fil conducteur pour unifier les luttes. Rassembler tous ceux qui sont de plus en plus désespérés et dont les droits sont menacés par des projets dits de « développement » (agriculture, pêche, sylviculture, exploitation minière, construction de grands barrages et d’autoroutes)…À travers le droit de dire non, les communautés demandent le respect de leurs droits, l’accès à une vie décente, à la santé et au bien-être, de continuer à produire de la nourriture selon leurs conditions, à vivre une relation symbiotique et interdépendante avec la nature et à la décentralisation du pouvoir ». Le droit de dire non (R2SN) est aussi selon elle, « un outil de mobilisation contre la mainmise de l’État et l’épuisement des ressources naturelles » et « s’oppose à la marginalisation des femmes » car ce sont les femmes qui sont les premières victimes des dommages causés par les projets d’extraction.

Etonde Mbella Marie Noëlle présidente nationale du SYNAPARCAM a fait un témoignage émouvant au sortir de cet atelier: «  je sors de Dibombari à la plantation de socapalm de Dibombari plus précisément à Souza. Nous sommes menacées vraiment par l’agro-industrie  appelée socapalm qui s’est installée vers nous depuis de longues années. Avant nous faisions des champs malgré la socapalm qui s’est privatisée en 2000. Avant cette privatisation nous vivions avec ça et nous travaillions  dans les bas-fonds. Dès la privatisation la socapalm actuelle nous empêche d’entrer dans leurs parcelles de ne plus passer là pour aller dans les bas-fonds et donc nous n’avons plus accès à la terre… mais à voir ce que nous vivions vraiment, c’est très pénible par ce que avant ces basfond nous aidaient, nos parents nous ont éduqué avec ces bas-fonds c’est- à-dire en cultivant les champs de manioc et autres. Ils récoltaient, ils vendaient, ils faisaient des bâtons de manioc, ça nous faisait vivre, ils  nous envoyaient à l’école mais aujourd’hui, nous autres, on ne peut pas le faire avec nos enfants parce qu’on n’a plus cette possibilité et nos enfants sont tout le moment tiraillés par les gardiens de la socapalm…mais en toute réalité nos enfants y vont par ce qu’on manque de quoi survivre, de quoi manger. Vous vous rendez compte que vous n’avez rien de côté mais derrière vous les palmiers sont tout autour des maisons, qu’allez-vous faire quand vous trouvez qu’il y’a des fruits qui tombent et qu’on vous interdit de les toucher ? Dès que vous les touchez-vous vous retrouvez dans les tribunaux dans des brigades…»

Marie Crescence Ngobo, Secrétaire Exécutif du Réseau du Réseau des Acteurs de Développement Durable (RADD), a souligné que cet atelier de formation avait pour finalité de « former les femmes pour qu’elles sachent qu’elles ont le droit de dire non, par rapport à tous les abus qu’elles subissent autour de toutes ces entreprises. Nous travaillions  déjà depuis quelques années aujourd’hui avec ces femmes, pour leur dire que la responsabilité de défendre leurs intérêts autour de ces agro-industries est  de leur ressort, parce qu’elles doivent se mobiliser pour pouvoir défendre leurs intérêts. Au départ elles ne pensaient pas qu’elles pouvaient le faire… nous sommes donc venues pour leur dire voici comment vous devez le faire à travers des échanges, à travers des travaux en groupes où elles ont acquis les outils qui leur permettent de dire non à tous les abus qu’elles subissent autour des industries extractives, les agro-industries ».

EPNB.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

Industries Extractivistes au Cameroun : Les femmes riveraines apprennent à dire NON

Vaccination au Cameroun : Les retombées du projet « Youth Games for Vaccine »