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Environnement : Les flux de plastique en circulation au Cameroun et les déchets plastiques au centre d’une conférence à Yaoundé

Cette conférence qui s’est tenue à l’Ecole nationale supérieure des travaux publics à Yaoundé(photo), est une initiative de l’association Action des Femmes pour une Planète Bio (AFEPB). Dirigée par Ghislaine Doralie Tchokouatou, cette association à but non lucratif dont la mission est de préserver  la planète des menaces liées aux dérèglements climatiques, aux déchets et produits dangereux et bien d’autres, promeut le développement et l’épanouissement des populations. Tout savoir sur la situation nationale sur les flux des plastiques en circulation au Cameroun et les déchets plastiques, dans ce communiqué de presse parvenu à notre rédaction.

(Yaoundé, Cameroun le 12 juillet 2023) : Malgré l’arrêté portant réglementation de la fabrication, de l’importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables, la ratification de différentes conventions internationales sur la gestion des déchets, l’engagement active  du Cameroun dans le processus en cours pour un traité sur le plastique,  l’usage des plastiques de toutes natures et notamment à usage unique est de plus en plus florissant au point de devenir incontrôlable dans tout le pays.

Moins de 10 années après l’entrée en vigueur de l’arrêté conjoint n°004/MINEPDED/MINCOMMERCE du 24 octobre 2012 portant réglementation de la fabrication, de l’importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables de moins de 60 microns, la prolifération des matériaux plastiques y compris ceux de moins de 60 microns demeure une réalité, pire leur augmentation est sans cesse croissante dans l’ensemble du pays, violant ainsi les dispositions réglementaires.

Pour rappel, les matériaux plastiques sont les dérivés de produits pétroliers, tout le long de leur cycle de production, ils sont sources de nombreuses pollutions sanitaires et environnementales. Pire encore, pour donner à ces produits des propriétés chimiques souhaitées par l’industrie ; des milliers d’additifs chimiques y sont ajoutés volontairement. Parmi ces additifs certains sont reconnus toxiques et très préoccupants pour la santé humaine et environnementale par l’Organisation Mondiale de la Santé. Il s’agit entre autres et principalement du bisphénol A, le cadmium, le plomb, les microbilles, les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les phtalates et des Polluants Organiques Persistants (POP) comme les retardateurs de flammes, Les produits chimiques perflorés, UV-238…

Comme on le sait aujourd’hui, les plastiques peuvent rester dans l’environnement pendant des centaines d’années et se décomposer en micro et nanoplastiques qui pourraient être absorbés par les organismes vivants et entrer dans la chaîne alimentaire. Plusieurs maladies et troubles sont associés aux substances hormono-actives, parmi lesquels les différents types de cancers, les difficultés à procréer, les troubles du système nerveux, la perturbation du système respiratoire, endocrinien et thyroïdien ;  l’obésité, les allergies et le diabète.

Au Cameroun, les données collectées sur la production, l’importation, l’exportation et le recyclage des plastiques sont très alarmantes, selon les données collectées chez différents operateurs de la production de plastique au niveau national, des recycleurs mais surtout auprès de l’Institut National de la Statistique (INS), la quantité moyenne de plastiques en circulation sur le territoire national par an est de plus de 120millions de tonnes l’année ; avec un taux de revalorisation d’environ 0,21%. Le reste de plus de 99% se retrouverait  dans l’environnement où ils terminent leur course dans les écosystèmes terrestres, marins et dans des incinérations anarchiques.

De ces chiffres, il est clair que contrairement à une certaine idée très relayée, la solution à la pollution plastique au Cameroun ne se trouve point dans le recyclage, les chiffres du recyclage sont assez révélatrice sur la question. Ce taux de recyclage national quasiment nul n’est pas très éloigné du taux du recyclage mondial qui se situe autour de 9%. En vérité, le recyclage des déchets plastiques est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imaginerait ; la vraie et efficace solution contre les plastiques se trouverait ailleurs, non du recyclage. C’est dans cette réflexion qu’il faut comprendre les propos du Dr. Kenfack Jean, directeur des affaires juridiques au MINEPDED lors du comité de négociation intergouvernementale (INC-1) pour l’adoption d’un traité plastique à Uruguay l’année dernière que «…Nous attendons de cet instrument juridique qu’il saisisse la question de la pollution plastique dans toute sa complexité à l’instar du cycle de vie des plastiques, du problème des additifs chimiques…»

Cette étude a également permis de recenser les principaux types de polymères abondamment présents au Cameroun ; il s’agit du polyéthylène téréphtalate (PET), le polyéthylène haute densité (PEHD), le polychlorure de vinyle (PVC), le polyéthylène basse densité (PEBD), le polypropylène (PP), le polystyrène (PS) et le polyimide (PI).

Le Dr. Gilbert Kuepouo, directeur exécutif de l’ONG camerounaise CREPD pionnière dans la gestion rationnelle des produits déclare « Les plastiques sont fabriqués avec des produits chimiques toxiques, et ces produits chimiques ne disparaissent pas simplement lorsque les plastiques sont recyclés. En termes simples, le plastique empoisonne l’économie circulaire et notre corps, et pollue l’air, l’eau et la nourriture. Nous ne devons pas recycler les plastiques qui contiennent des produits chimiques toxiques. Les vraies solutions à la crise des plastiques nécessiteront des contrôles mondiaux sur les produits chimiques dans les plastiques et des réductions significatives de la production de plastique.»

Les conséquences de la pollution plastique sur l’environnement et la santé sont nombreuses ; sur l’environnement, la pollution visuelle qu’elle entraine est source de plusieurs inondations « 90% des inondations dans la ville de Douala sont dues aux déchets plastiques » selon le 6e adjoint de la commune de Douala 5 ; Biyong Joseph Espoir. De même, il est désormais démontré que les plastiques émettent le méthane et d’autres gaz à effet de serre responsables du dysfonctionnement climatique : la double calamité. Ils appauvrissent les sols des nutriments, les océans et mers de la faune aquatique. Sur le plan de la santé humaine particulièrement, l’exposition aux plastiques et microplastiques affecte les systèmes cardiovasculaire, rénal, gastro-intestinal, neurologique, reproductif et respiratoire, les impacts incluent les cancers, le diabète, la neurotoxicité, la toxicité pour la reproduction et le développement.

Pour une meilleure gestion des produits plastiques et des additifs toxiques qu’ils contiennent, l’association Action des Femmes pour une Planète Bio (AFEPB) recommande:

La Prévention c’est-à-dire imposer à tous les producteurs de plastiques de part le monde une réduction systématique des matériaux plastiques notamment ceux à usage unique : limitation progressive de la quantité des plastiques produits et importés. A terme, leur interdiction et substitution par les emballages en verres ou en matériaux biodégradables. Ceci passe par les réglementations strictes et contraignantes.

La Réutilisation des articles faits de matériaux plastiques : Réutiliser à plusieurs reprises les plastiques déjà fabriqués. Pour combler le gap de la réduction de production et d’importation, tolérer uniquement les matériaux plastiques réutilisables au détriment des plastiques à usage uniques.

Le contrôle et la réglementation des additifs chimiques toxiques volontairement ajoutés aux matériaux plastiques : permettre uniquement l’ajout des additifs non ou moins toxiques dans les plastiques notamment ceux destinés aux emballages des produits alimentaires, aux jouets pour enfants…

Le Recyclage des déchets plastiques déversés dans l’environnement ; enlèvement des déchets plastiques qui inondent les écosystèmes : soutenir les initiatives de recyclage tout en mettant à leur disposition des moyens pour se protéger contre les poisons contenus dans les plastiques et en redirigeant des nouveaux articles fabriqués contaminés loin des enfants et des femmes en âges de procréer. Ici, la responsabilité élargie du producteur doit être mise en exergue.

Mentionnons pour terminer que le Cameroun est résolument engagé dans l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD), une meilleure gestion des déchets plastiques contribue à l’atteinte de l’ODD3 à sa cible 9 (ODD3.9), de l’ODD6.3, ODD8.8, ODD9.4, ODD11.6, ODD12.4, ODD12.5, ODD16.7 et de l’ODD16.10.

A PROPOS d’AFEPB

Action des Femmes pour une Planète Bio (AFEPB) est une association à but non lucratif dont la mission est de préserver  la planète des menaces liées aux dérèglements climatiques, aux déchets et produits dangereux et bien d’autres. Promeut le développement et l’épanouissement des populations ; notamment les couches les plus vulnérables à savoir les femmes,  les jeunes et autres minorités. Elle est membre de plusieurs réseaux internationaux et nationaux parmi lesquels International Pollutant Elimination Network (IPEN).

IPEN est un réseau d’intérêt public de plus de 600 ONG dans plus de 100 pays œuvrant pour un avenir sans substances toxiques.

 

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