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Cameroun/Reclassement de la forêt d’EBO en UFA : Graves inquiétudes de la société civile pour la biodiversité et les intérêts des communautés riveraines

Dans un communiqué rendu public au cours d’une conférence de presse au siège de l’organisation Green Development  Advocates(GDA), le 11 juillet 2023 à Yaoundé, la société civile camerounaise  exprime des « inquiétudes sur les conséquences qu’entrainera ce décret du Premier Ministre sur la biodiversité, le changement climatique et la résilience des communautés ». Voici ce qu’elle dénonce. Et les solutions proposées.

Suite au décret du Premier Ministre, décret N°2023/01630/PM du 27 avril 2023 portant  classement au domaine privé de l’Etat, une portion de la forêt de 68 385 hectares constituée en Unité Forestière d’Aménagement dénommée UFA 07006 située dans les Départements du Nkam et de la Sanaga maritime, Région du Littoral,  « Nous exprimons nos inquiétudes sur les conséquences qu’entrainera ce décret du Premier Ministre sur la biodiversité, le changement climatique et la résilience des communautés » peut-on lire sur le communiqué des Organisations de la société civile(OSC) du Cameroun.

La parcelle de forêt classée à nouveau par le décret décret N°2023/01630/PM du 27 avril 2023, est la même qui fut classée par décret N°2020/3216 du 14 juillet 2020 du Premier Ministre et qui par la suite avait fait l’objet  d’un retrait par décret N°2020/3900/PM du 06 août 2020 du Premier Ministre. « Comment comprendre ce rétropédalage   du Premier Ministre en particulier et de la vision globale du gouvernement camerounais  en matière de gestion des ressources forestières ? » s’interrogent les 10 Organisations de la Société Civile signataires du communiqué cité plus haut.  Pourtant les facteurs ayant conduit en 2020 au retrait du classement de cette parcelle de la forêt en UFA restent toujours d’actualité. Il s’agit d’abord de La biodiversité exceptionnelle. En effet la forêt classée en UFA abrite une biodiversité unique avec notamment les éléphants de la forêt, une communauté d’oiseaux diversifiée dont certaines espèces sont importantes et attirent la curiosité des Omithologues notamment le perroquet gris, la plus importante population de chimpanzés du Nigeria-Cameroun,  la seule population de chimpanzés dans le monde ayant à la fois l’aptitude de casser les noix et d’extraire les termites, la plus importante population restante de Drills dans le monde,  l’une des deux populations restantes des colobe Bai de Preuss, au moins 12  nouvelles espèces  végétales pour la science, découvertes et publiées etc.

Autre facteur, les OSC citent le Stock de carbone important. En effet des estimations récentes montrent que la forêt classée en UFA stocke environ  35 millions de tonnes de carbone (Global Forest Watch 2020), ce qui constitue un réservoir de Carbonne à proposer éventuellement  sur le marché international. Un autre facteur, c’est l’espace vital des communautés riveraines.  Avant l’indépendance du Cameroun en 1960, la forêt classée était habitée. Elle est  considérée comme une terre coutumière par plus de 40 communautés riveraines car de nombreux ancêtres  y sont enterrés. Cette forêt abrite donc une importante culture  avec des sites et territoires ancestraux et sacrés, une importance coutumière et économique considérable. « Le problème aujourd’hui pour le classement de cette forêt, c’est le fait que dans cette forêt il y a un potentiel biodiversité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le monde et aussi les communautés, plus de 40 communautés sont riveraines dans cette forêt et cette forêt qui aujourd’hui est classée, regorge de nombreux sites sacrés de ces communautés mais elles regorgent une alimentation pour ces communautés , et c’est également une pharmacie pur ces dernières. Un autre problème c’est qu’aujourd’hui avec l’exploitation forestière au Cameroun, le développement ne suit pas dans les zones où il y a l’exploitation forestière. Si on prend par exemple le grand fief de l’exploitation forestière qu’est Yokadouma, lorsqu’on y voit peut-être,  le développement n’est pas trop visible, dans cette partie du Cameroun. Donc on pense qu’avec l’exploitation forestière dans cette localité, ça pourra toujours être la même chose » explique Jean Henri TSOGO, Project Manager à GDA(photo). Selon lui, la société civile a trouvé des pistes de solution : « Pour le développement aujourd’hui il y a beaucoup d’alternatives à l’exploitation forestière. On peut permettre aux communautés de créer leurs propres forêts. Aujourd’hui la loi forestière permet aux communautés de demander, d’exploiter une forêt communautaire de 5000 hectares renouvelables après 25 ans. Donc on pense qu’aujourd’hui si la communauté gère de façon traditionnelle cet espace, elle peut y avoir le développement tel qu’il souhaite ». Et entre autres alternatives de développement dans la communauté mais aussi le bien-être des communautés, Jean Henri TSOGO ajoute qu’ « à côté de ces forêts communautaires il y a également ce qu’on appelle aujourd’hui, les aires de conservation communautaires qui sont reconnues maintenant au niveau international avec la convention sur la diversité biologique, le cadre post 2020 , ces zone de conservation communautaire sont reconnues dans ce cadre post 2020 de la diversité biologique ».

Affaire à suivre…

EPNB.

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